Faire des enfants, en adopter, les aimer, les abandonner … ou pas!

Revoilà cette question de l’instinct maternel. Si l’amour venait avant la naissance ou juste après, ça se saurait. Et si nous cessions tout simplement de présupposer les choses ? Cela nous éviterait de les exiger.

Certains parents par exemple se trouvent dans l’incapacité d’aimer leurs enfants, parce qu’ils ne peuvent pas leur donner ce qu’ils n’ont pas eux-mêmes, reçu.]…[ Malheureusement, les adultes qui ont été, dans leur enfance, privés d’amour n’ont pas tous – loin s’en faut – la conscience du manque dans lequel ils ont vécu. Une telle prise de conscience supposerait en effet qu’ils aient pu, enfants, comparer leurs  » conditions affectives d’existence” à d’autres et réaliser leur particularité. 

Faire des enfants, les aimer, les élever, un programme chargé, certainement gratifiant, mais souvent difficile, semé de doutes, d’angoisses, de fatigue, de frustrations ou de non-reconnaissance. C’est ce que cherche à démontrer Corinne Maier, dans son livre « no kid, 40 raisons de ne pas avoir d’enfant ». Seule une mère peut se permettre de dire ce qu’elle dit, comme un africain pourrait dire du mal des africains, justement parce qu’il l’est lui-même ! Du coup, elle fait exploser tous les clichés autour de la famille heureuse, de la joie d’être parent, qu’elle considère comme un sacerdoce. Loin des exhortations publicitaires qui mettent en valeur l’enfant comme projet et la famille, comme accomplissement conjugal ultime, son livre est une invitation jubilatoire à bien réfléchir avant de se décider.

Bien au contraire, pour elle,  « l’enfant devient une entrave, une source d’ennuis, un obstacle à la sexualité du couple. Il devient l’ennemi numéro un”.

Si l’enfant est l’ennemi numéro un, n’est-ce pas parce qu’il est devenu objet ? S’il était considéré comme un sujet, ne serait-ce pas une grâce de s’occuper de lui ?

Quand on oppose à Corinne Maier que rien n’est plus bouleversant qu’un regard d’enfant, elle répond sans complexe qu’aucun regard d’enfant ne l’a bouleversée autant qu’un bon film tel que « la dolce vita”. Politiquement incorrecte, ne dirait-elle pas tout haut ce que certains penseraient tout bas. Mais qui ? Des personnes qui ne veulent pas d’enfant et se servent de ces constats pour se justifier ou des parents excédés qui ont l’impression d’avoir fait des enfants malgré eux, sous la pression d’une société en mal de bonheur ?

Faire ou ne pas faire d’enfant ? Je repose la question du préambule. Si cela donne l’impression de tourner en rond, c’est certainement parce qu’une poule n’y retrouverait pas ses poussins !

Longue est la liste des cas de figure rencontrés dont voici une énumération non exhaustive :

  • Ceux qui ‘choisissent’ d’en faire et qui en sont heureux.
  • Ceux qui ‘choisissent’ d’en faire et qui n’en sont pas si heureux qu’ils l’avaient imaginé.
  • Ceux qui se font piégés mais qui assumeront pour ne pas affronter le spectre de la culpabilité.
  • Ceux qui doivent avoir recours à l’avortement contre leur gré, ou qui s’en réjouissent.
  • Ceux qui ne peuvent y avoir recours à leur plus grand désarroi, ou qui s’en réjouissent.
  • Ceux qui font appel au corps médical pour en avoir (F.I.V.) ou pour éviter d’en avoir (ligature, vasectomie).
  • Ceux qui adoptent des enfants.
  • Ceux qui les abandonnent.
  • Ceux qui en font un trafic.
  • Ceux qui ne les abandonnent pas mais les maltraitent.
  • Ceux qui n’ont pas d’enfant du fait des aléas de la vie.
  • Ceux qui ‘choisissent’ de ne jamais en avoir….

Etc.

Un mélange de situations, de raisons d’en avoir ou non, un équilibre si difficile à trouver entre soi et soi-même, soi et l’autre, entre raisons et sentiments, entre contraintes et libertés.

Alors peut-on réellement parler de choix ? Et à quoi tient-il finalement ? Quand on sait que la société a toujours posé un regard méfiant et critique à l’encontre de toute forme de marginalité.


2 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. Miquel ML
    Juin 06, 2011 @ 09:09:55

    Bonjour

    Aimer des enfants, oui. Aimer LES enfants, non. Les enfants sont les adultes en devenir. Les enfants ont leurs bons et mauvais côtés comme les adultes. Mais il y a des enfants détestables, que je n’ai pas envie d’aimer.
    Une femme parce qu’elle peut être mère, en théorie, devrait-elle avoir l’obligation d’aimer tous les enfants ? Doit-on faire « guili-guili » à tous les bébés que l’on voit parce que nous, les femmes, nous serions maternelles par essence ?

    Marie-Laure

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    • Djina
      Fév 03, 2013 @ 21:56:45

      Je suis tout à fait de ton avis.les hurlements qui viennent t’importuner pendant ton shopping ou tes courses cassent d’emblée l’instinct maternel ….et puis une femme qui vit dans la précarité se doit de ne pas tomber enceinte dans l’intérêt de l’enfant…un enfant si je veux quand je veux et surtout si JE PEUX

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